On dérive
on voyage pas / nous
on crache nos poumons
sur le bitume
on roule nos carcasses
d’une ville pourrie à une autre
on laisse derrière nous
des morceaux de peau
des souvenirs qui saignent
c’est pas des cartes postales
c’est des cicatrices
je t’ai suivi
paumée / crevée / le cœur en miettes
dans mes poches trouées
et toi / t’étais là
moteur calé dans la poitrine
guidant mes pas
sur des routes éclatées
on traverse des paysages
comme des fantômes affamés
on creuse dans les heures mortes
on trouve rien / sauf nous
toujours nous
crasseux mais debout
voyager c’est juste survivre ailleurs
crier un peu plus loin
tomber dans d’autres caniveaux
et s’aimer encore
malgré la rouille
malgré la route
qui casse les jambes
et
puis
nous
oui
voilà
tu vois
nous
on dérive

