Printemps nous crache dessus
terre vomit bourgeons mous
on se roule dans gadoue tiède
on fume clopes mouillées sous pluie acide
sang bat plus vite / ça hurle sous peau neuve
été tape fort / ça brûle / ça colle / ça pue / sueur rance
corps s’effondrent dans flaques de goudron fondu
on s’aime comme chiens galeux sous soleils pourris
nuits sont pleines de bagarres / bêtes qui crient
automne nous plombe la gueule
arbres perdent leur peau
on marche dans boue en pleurant pour rien
feuilles mortes s’accrochent à godasses
et lumière fout le camp en douce / sans adieux
hiver nous gèle de l’intérieur
on claque des dents comme des –
on s’entasse sous couvertures trouées / à puer la peur / le regret
vie devient un vieux feu qui tousse dans cheminée
et nous / on s’accroche encore / comme des animaux blessés

