Clémentine Pons

Toulouse


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J’ai perdu tellement de phrases dans les guerres que j’ai menées dedans moi


les mots tombent éclatent sous la peau de la bouche fractures béantes dans la chair du dire ça glisse ça s’effrite ça refuse de tenir en ligne droite tout se disloque la langue n’est plus qu’un briselangue un éclatévers un souffle épars où les sons s’entrechoquent sans se reconnoître où chaque phrase implose en elle-même avant même de naître disloque générale un chaosyntaxe où les voix se brisent sans écho on cherche on palpe dans l’ombre des mots sans prise des lexèmes qui ne tiennent plus qui se fractaillent à l’instant même où on les forge le sens s’étrique se distordent se noyau d’invisible le vocablexpressif se crispe en lui-même refusant le contact tout devient silenteur étouffe entre les bris de phonèmes épars qui peut encore parler dans cet éboulangue cet effondrement où les verbes se rompent où les phrases sont des ruines sans ossature où la voix n’est plus qu’un éclat dispersé dans l’air un reste de parole qui ne trouve plus à s’ancrer tout s’effrite tout se recompose en vrac en spasme en convulsivithéroèmes peut-être faut-il apprendre à dire dans le bris à parler dans la faille à laisser la langue être ce qui chute ce qui se fend ce qui tremble sans plus jamais chercher la frictionnalité les mots glissurent se fracturent en échobris ils s’effondrent en bouche ils s’éparpillent en crises ils ne tiennent plus que par des fils d’oubli syntaxilence grammairuine et chaque phrase se dislocasse avant d’atteindre l’oreillusion on avance dans un labyrhomme de langue où chaque tournant dévoile le sens où chaque mot s’autosabotage se décompense se réfracture tout est lexiquexplosion tout est désaccordébruit chaque tentative d’énonciphonie s’effondre dans le videmot parler devient une quête impossible une recherche de soufflemur un essai de voixcassure mais peut-être faut-il apprivoixser la brisure se faire l’écho de l’effondrage et accepter que toute phrase ne soit qu’un tremblementir presque un balbuciment un cri sans atterrestrissage


marcher des mots dans les sentiers inbattus des couleurs entre lettrusions tout se perd et se réapproprière alors le bruit des langues qu’on ne parle plus se rayonnent dans nos bouches qui ne sont rien moins que des illusions et c’est là tout à fait que l’on s’arrête pour décomprendre ce que les traductions nous ont obligé·es à introduire entre les dents et elles sont acérées comme des crocs-mots alors on n’a plus qu’à croquer et déchiquelettrer tout ce monde qui ne sait plus parler que comme on le veut ou pas toi tu veux moi je veux alors iels veulent toustes ça c’est sur puisque les mots ne s’inventent plus jamais dans nos bouchefleurs et fleurissent tous les jours dans les interstices et arbres de nos sensationnailes j’ai mordu et j’ai perdu tellement de phrases dans les guerres que j’ai menées dedans moi quand j’ai combatturié contre les murs immenses des langueaux de bois et puis c’est la forêt entière était une simplicitude et rien au monde n’aurait compris comment ma langue s’est tordue détordue et fracassée mais casseffondrer la langue en fait c’est pas ça qui est grave au contraire on veut plus d’obligexistence alors on se laisse fondre verbadoublement dans les ravins des interjectionnalités maudites où on mâche les complexités qu’on veut bien nous offrir en cadeaux pour en faire des miettes d’objet direct certain·es veulent achetifier la langue et la marchandires c’est sûr et ça fait mal de là où vient le souffle ventrépide mais qui vend des lettres qui s’emboîtent les unes dans les autres ça ne s’achète pas on se dit que c’est pas une marchandiserie alors il faut il faut il faut toujours quelque choserigolent dans les frissons torrentiels qui parcourent l’échine de nos paroles on monétise ce que la bouche ose sortir d’elle-même et alors ça nous fait refroidir le dedans juste sous la langue et les mots se substantigèlent et s’immobilisent.