Dans les vieux albums
des sourires tremblent encore un peu
des genoux râpés
des étés qu’on croyait immenses
on s’aimait comme on pouvait
avec des gestes mal cousus
des silences pleins de miettes
aujourd’hui
je porte vos visages au fond des poches
avec les cailloux et les secrets
il reste des miettes sur la table
des odeurs de linge mouillé
des chansons minuscules dans les coins
j’avance à petits pas
portant votre fatigue sur mes épaules
votre tendresse dans mes silences
je ne sais pas très bien
si je viens de vous
ou si je vous invente encore
à chaque battement
des voix / éteintes
des mains / qui cherchent
un reste / de chaleur
sous la poussière / des jours
un nom / qui tremble
un rire / perdu
des bras / loin
et moi / au milieu

